Aller vers …

Les relations amoureuses sont complexes. Oui, je sais, une litote …

On arrive dans une histoire avec un passif, des acquis, et se remettre en question est à la fois un processus variable mais aussi long et très personnel.

Surtout quand l’histoire brise tous les codes et ne se fixe dans aucune case existante.

Il est possible de lui en créer une … c’est une option. Qui rassure parce qu’elle donne des règles et un cadre, des limites qui nous permettent de définir notre place, nos acquis et notre légitimité.

Mais voilà cela peut s’avérer destructeur. Parce que les cadres ne sont que des structures qui bloquent et créent des attentes. Les limites sont des règles et les enfreindre expose à des drames.

Rien de pire pour une relation, encore plus une qui se veut libre et ouverte.

Mon trouple est dans ce cas. Parce que déjà c’est une configuration si hors des sentiers battus qu’il n’y a pas d’exemples à observer. De plus, rien ne correspond à mon vécut, mon histoire, mon éducation ; je suis d’un coup en manque total de repères pour évoluer et dans notre relation et dans ma vie.

C’est comme si je volais dans une cage et que je voulais les ramener à l’intérieur, parce que c’est ce que j’ai toujours connu et que j’ai peur de cette liberté qui est la leur et qui s’offre à moi. En même temps, il y a la peur de les voir voler loin sans moi parce que je n’aurais pas su leur donner envie de rester ou que vouloir les mettre dans ma cage les aura fait fuir …

Et c’est dur de faire les pas qu’il faudrait pour sortir de la cage.

Cette nuit, je me suis réveillée à demi, parce que l’un d’eux s’était enroulé autour de l’autre et ne m’avais pas inclue dans cette recherche de contact. Ensommeillée, c’est la peine qui est arrivée en premier réflexe. Oui la peine de me sentir exclue. Comme si, parce que inconscient, ce geste était leur désir profond. Être entre eux. Ma présence étant accessoire.

Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive. Ça a déjà viré au drame. Parce que je reste au bord de la porte et que j’ai peur de sauter le pas vers la liberté.

Mais je crois que c’est la première fois que je me dis « mais qu’est ce que tu racontes? Après tout il a eu envie de contact il l’a cherché trouvé et pris. Fais pareil ! N’attends pas ». La petite voix insidieuse dans ma tête a répliqué aussi sec « et s’ils te rejettent? Humm ? Non c’est à eux de venir te chercher c’est comme ça « . Quelle saleté celle là !

Alors j’ai tendu la main, touché leurs peaux, et leurs mains se sont jointes à la mienne. Simplement.

Pas de rejet, pas de questions, juste ce contact doux et chaud et tendre. Rien de plus rien de moins.

J’ai réalisé alors quelque chose qui ne m’étais pas évident auparavant.

Nous, femmes de ma génération et des précédentes, avons été éduquées à être celles que l’on venait chercher. On nous a appris que c’est aux hommes de faire le premier pas et non l’inverse, et ce quel que soit le domaine. C’est presque génétiquement incrusté en nous après tout ce temps.

Même si dans certains domaines nous avons appris à aller chercher, dans les sentiments le schéma reste imprimé dans nos cerveaux. Les femmes attendent que les hommes agissent. Et s’ils n’agissent pas selon nos attentes, qui, au passage, sont difficiles à saisir sans télépathie puisque nous ne disons rien, et bien nous en tirons la conclusion qu’ils ne nous aiment pas « comme il faut ». Nous ruminons notre frustration, sans jamais leur dire laquelle ou alors en mode accusations.

Malgré leur apparent côté plus « binaire », lui aussi inscrit dans leur ADN de part des siècles de conditionnement, les hommes ont de la même façon que nous besoin de se sentir compris, voulus, désirés. Eux aussi vivent la peur du rejet, de l’abandon, des sentiments non réciproques.

Ils le vivent différemment, sans doute, mais leur besoin est là, aussi réel et nécessaire que le nôtre.

Alors oui c’est difficile de lutter contre ces réflexes presque ataviques … c’est douloureux de subir ces émotions qui ne devraient pas avoir lieu si seulement elles n’étaient pas si ancrées. C’est douloureux aussi de se rendre compte que ce prisme déformant nous empêche de voir au delà et de nous ouvrir aux autres par peur de la douleur que nous créons nous mêmes.

Certain.e.s ne se poseront jamais ce genre de questions parce que tout simplement les cases leurs correspondent. Et tant mieux pour eux.

Je ne peux pas m’en contenter … et je n’arrive pas encore à briser les parois de ce cocon qui m’emprisonne. Mais il s’affaiblit, devient plus mince.

Qui sait quand et quel papillon en sortira … hâte de le savoir.

J’y travaille. À les effacer, les rendre sans effet.

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